Le 30 octobre 1968, jour de la clôture des festivités du 500e anniversaire du combat des six cents Franchimontois, naissait la Chevalerie de l'Ordre du Chuffin. Le baptême eut lieu le même jour sur les marches du Perron, où étaient intronisés un Grand Commandeur: Louis Closset et 3 Commandeurs: Roger Caro, René Lahaye et Gilbert Undorf. Cette société avait été créée sur une idée de René Lahaye par un groupe de participants de ces festivités et particulièrement du Jeu de Franchimont afin de ne pas laisser retomber l'enthousiasme suscité par ce grand événement. Le comité, dénommé Grand Conseil, définit tout de suite ses buts: sauvegarder le folklore local, raviver les moments illustres de l'histoire de Theux, rendre hommage à ses grands hommes, mettre en valeur son patrimoine architectural, animer la vie culturelle franchimontoise.
Dès fin 1968, sous la direction des commandeurs, trois sections voient le jour: les Compagnons de la Basoche (théâtre), les Ménestrels (musique ancienne) et la Compagnie des Archers. La première manifestation de la Chevalerie fut d'ordre musical; invité par Roger Caro, Prince des Ménestrels, René Zosso s'en vint à Saint-Roch le 6 décembre 1968 chanter et vieller un répertoire surprenant, du grégorien aux chansons à boire du 10e au 20e siècle. Le 26 avril 1969, ce sont Gibert Undorf et ses archers qui mettent sur pied un spectacle aussi inédit qui se déroule à la salle communale de Juslenville: Duel et Escrime, une synthèse de la pratique des armes à travers les âges, avec le concours d'escrimeurs du cercle L'Épée. Le Grand Commandeur de la Basoche, René Lahaye, fait répéter à ses compagnons des farces médiévales qui seront jouées entre autres à la première Franche Foire.
En 1969, deux nouvelles sections se créent: les Annuytants du Vert Bouc. Les jeunes fouilleurs du château, sous l'égide de leur prince Renaud Gillard, se mettent à l'heure de la Chevalerie avant de prendre leur envol en tant que Compagnons de Franchimont, tandis que, sous la direction de Fernand Braipson, prend vie la section histoire baptisée Les Chroniqueurs du Marquisat.
Le 25 octobre 1969 a lieu la première intronisation au château de Franchimont; un cérémonial inspiré des rites de la Chevalerie au Moyen Age a été mis au point: invocation au Chuffin, purification par l'eau lustrale du puits, adoubement avec l'épée bénie à la chapelle, etc. Ce cérémonial va se renouveler chaque année, permettant de conférer le titre de Chevalier à 208 membres méritants et de conférer le titre de Connétable à 104 personnes qui, du dehors de la Chevalerie, ont rendu d'éminents services, soit à la société, soit à la cause de Franchimont.
En 1970, une nouvelle tradition se crée et, le 24 janvier, les Archers, avec toute la Chevalerie, fêtent leur patron, Saint Sébastien, et procèdent au tir du Roy. Les premières éditions se feront avec faste, cortège en costumes, traînant le monstre Gorr à travers Theux, mise à mort de Gorr, messe de reconnaissance et embrasement final. Cette cérémonie, devenue généralement plus discrète, sauf par exemple en cette année 2008 pour célébrer le 40e anniversaire de la Chevalerie, a permis d'élire à ce jour 33 Roys (certains ayant par leur adresse prolongé leur mandat).
En 1970 encore, c'est la section des Chroniqueurs du Marquisat qui met sur pied une importante exposition sur la guerre 1940-1945 au Cercle Paroissial de Theux, qui restera ouverte deux mois. Ce sera le début d'une série dans laquelle nous relevons en 1980: La Vie à Theux aux 19e et 20e siècles, rue de la Chaussée, puis, à partir de 1985, des expositions annuelles à la Galerie de la Marotte, puis à la Bibliothèque Communale.
Fin 1970, une nouvelle section voit le jour: les Baladins de Taillevent, groupe de danses folkloriques bientôt spécialisé dans les danses médiévales et de la Renaissance. Sous la direction de leur maître à danser, Marcel Beaujean, les Baladins vont rapidement connaître une flatteuse réputation, non seulement en Belgique, mais également à l'étranger. On les verra aux Franches-Foires à Franchimont, aux Fêtes du Festin, à Lessines, au festival international Kalinka à Namur, aux fêtes médiévales à Chimay, au festival de Grenoble, à celui de Burga, en Roumanie. Plus récemment, les Baladins, dont le nombre s’est étoffé, travaillent en deux ateliers: danses Renaissance d’une part, danses wallonnes et étrangères d’autre part.
En 1971, une nouvelle section se crée: la Chuffilm, sous l’impulsion de Raymond Benoit et Jean-François Peret. Elle va concilier les techniques les plus modernes avec le folklore. Grâce à ses laboratoires bien équipés, elle va permettre à nombre de photographes amateurs de se perfectionner et ses expositions vont faire revivre tous les vieux coins de Theux, en toutes saisons. Elle arrêtera son activité vers 1980, mais c'est dans son sein que s'est développée une radio locale et culturelle: Radio Franchimont.
Sous l'impulsion de Roger Caro, des concerts sont organisés à travers la commune. En 1970, Musique de la Renaissance au cercle paroissial de Theux, Musique au temps de Shakespeare à la chapelle Saint-Nicolas à Marché, un récital de clavecin par Melle Van den Driessche à l'église de Theux et par C. Koenig à l'église de Juslenville. Et, en 1977, c'est le premier festival Pascal Taskin à l'Institut Saint-Roch: trois journées animées par des musiciens de renommée internationale. Tant de concerts devaient éveiller l'idée d'une section musicale à part entière et, en 1978, voici les Zimtheux. Sous la direction du nouveau Prince des Ménestrels Roger Maréchal, cette formation de musique folklorique et Renaissance s'est vite créée une place de choix. Elle accompagne parfois la prestation des Baladins mais présente aussi un spectacle qui réjouit les yeux et les oreilles. Ils sont à tous les rendez-vous importants: Franche Foire et spectacles à Franchimont, évocation Entrée de Joseph II à Spa, Festival de Scheveningen (NL). En 1995, Sylvie Noël reprend le flambeau, avant Jean Rouault, fidèle depuis les débuts de la section, celle-ci ayant d’ailleurs pris aussi de l’ampleur.
Le 20 février 1982, Radio Franchimont fait ses premiers pas sur les ondes theutoises. Elle émet depuis les anciens locaux de la Chuffilm transformés en studios. Mais très vite RFT déménage au 2e étage du bâtiment communal, totalement restauré grâce au concours de membres et sympathisants. Et, le 28 février 1983, le président Pascal Dombard peut inaugurer officiellement ces nouvelles installations comprenant studios et salle de réunion. Pendant 15 ans, la radio va assurer un programme complet chaque week-end, élaboré et réalisé par des animateurs et techniciens, tous bénévoles, un programme varié et de qualité, répondant aux exigences des auditeurs theutois. Fin 1995, Radio Franchimont cesse d'émettre.
En 1989, après une brillante animation de la Franche Foire et à sa demande, le groupe Excalibur rejoint la Chevalerie. Jusqu’au milieu de la décade 1990, sous l'impulsion de son créateur Willy Wafflard, Excalibur étend réputation et champ d'action en animant manifestations médiévales, artisanales et autres fêtes. Leurs chants et musiques, qu'ils soient endiablés ou romantiques, retentissent de Franchimont à Mons ou Maredsous. Le groupe Octarine prend la relève d’Excalibur à la dissolution de celui-ci, sous la direction d’Emmanuel Forain, avec, il faut bien le dire, pas mal de difficultés de recrutement de musiciens et bénévoles, caractéristique essentielle de tous les membres de la Chevalerie depuis 1968 jusqu’aujourd’hui.
En 1996, la Compagnie de la Verte Tente se rallie à la Chevalerie, rappelant à chacun que le Moyen Age était batailleur à souhait. Le cliquetis de ses armes et armures a résonné de plus en plus fort et de plus en plus loin, pour le plus grand renom de la Chevalerie. Grâce à ces Compagnons, les 600 Franchimontois sont aussi repartis à Liège en 1998 et en 2003, 530e et 535e anniversaire de l'épopée ancestrale. La section n’a malheureusement pas subsisté longtemps à la Chevalerie. En revanche, 2008 revoit la Marche sur Liège, organisation commune du Syndicat d’Initiative et du Centre Culturel de Theux, associés à la Chevalerie.
Le plus beau fleuron de la Chevalerie est certainement la célèbre Franche Foire au château, devenue elle aussi une tradition franchimontoise. En effet, c'est en décembre 1970 que l'organisation d'une foire médiévale en été était débattue d'abord par les Chroniqueurs, puis au Grand Conseil, sur une idée de Maurice Corne. Début 1971, est établi un projet précis qui allait être soumis à l'Administration Communale et au Syndicat d'Initiative et serait concrétisé par la première Franche Foire de 1973. La rétrospective de ces trente années aligne une série impressionnante de concerts, de conférences tous azimuts (dont deux sont restées dans la mémoire des assistants: L'Univers des Astronautes d'Arsène Boury et la Fenêtre de Theux de Paul Pahaut), d'expositions historiques, de représentations théâtrales mettant en valeur des sites peu connus comme la ferme de la Dîme, la ferme de la Chapelle, les jardins de Limbourg, la chapelle Saint-Nicolas.
Il n'est pas possible, dans cette rubrique, de mentionner les activités multiples de chaque section, mais signalons que les Archers avec leurs tirs de chasse (Field) ont attiré à Theux des tireurs des quatre coins de l'Europe, que les Baladins ont des contacts fructueux tant en Belgique qu'à l'étranger et que les Zimtheux et Octarine sont constamment sollicités pour animer des festivités de plus en plus éloignées. Les Chroniqueurs, par leurs expositions, publications et autres moyens d'expression permettent d’empêcher l’oubli de bien des évènements, personnages ou lieux d’autrefois.
Quarante ans se sont écoulés; certains nous ont quittés, hélas pour toujours; d'autres sont partis vers d'autres horizons; mais les effectifs se sont renouvelés. La relève œuvre avec les anciens de la première heure dans le même enthousiasme.
La Chevalerie reste fidèle à son premier idéal: promouvoir la vie culturelle à Theux et tout particulièrement en ce qui concerne l'histoire et le folklore franchimontois. Elle peut regarder l'avenir avec confiance et signer sans crainte un nouveau bail au moins aussi long.
Historique
Membres
Grand Commandeur: Philippe Dethier
Grand Scribe: Pascal Herck
Grand Argentier: Julien Hoebeke
Yves Delrée (Chroniqueurs du Marquisat)
Delphine Dreze (Baladins de Taillevent)
Emmanuel Forain (Octarine)
Chantal Gillard (Zimtheux)
Renaud Gillard (Compagnons de Franchimont)
Julien Hoebeke (Baladins de Taillevent)
Guy Nicolas (Zimtheux)
Alain Servais (Compagnie des Archers)
Jean-Pierre Verwilghen (Compagnie des Archers)
Paule Verwilghen (Baladins de Taillevent)